mercredi 12 mai 2010

Nancy Huston et le côté artistique de la vengeance aveugle

nancy huston vengeance aveugle

Hier soir je relisais Slaloms, l'une des « Formidables aventures de Lapinot » de Lewis Trondheim. Dans une bulle, Richard (le félin allumé) dit à Lapinot, Titi et Pierrot : « Pff… vous ne comprenez rien au côté artistique de la vengeance aveugle ». Vous y comprenez quelque chose, vous ? Je vous le souhaite, car dans ce post il sera avant tout question de ça !
Vous vous en souvenez, j'espère, dans les premières pages d'Âmes et Corps Nancy Huston semblait remettre en cause l'existence de ce blog. J'avais légitimement crié vengeance. Or la vengeance, m'a appris Lio, est un plat qui se mange froid, j'ai donc patiemment rongé mon frein, sauf que là ça fait déjà bientôt 15 jours et vu les températures que nous propose ce printemps mon plat me semble avoir macéré largement ce qu'il faut. Alors c'est parti !


Ma vengeance aveugle contre Nancy Huston étape 1 : le choix des armes

Qu'elle soit aveugle n'implique pas que ma vengeance ne soit pas réfléchie ! Ne serait-ce que parce qu'il fallait bien que je trouve où et comment l'attaquer, Nancy Huston. Coup de bol, elle désigne l'arme idéale dès la page 31 d'Âmes et corps, dans son texte Déracinement du savoir, où elle écrit  : « Je sens qu'il faut fuir comme la peste les analyses « savantes » de ce que moi j'écris. (…) Discourez à mon sujet si vous le désirez mais de grâce, épargnez-moi vos conclusions ! »
Bingo ! Ah non, pas les analyses « savantes », ça vous avez compris que ce n'était pas le propos de ce blog, en revanche discourir et dispenser des conclusions, no problemo ! En les affirmant de manière péremptoire et absolue bien sûr, ce qui ajoutera au châtiment puisque Huston dit aussi, dans son texte Une semaine…, qu'elle n'a presque plus d'opinions, qu'elle écoute celles des autres « éberluée par la facilité avec laquelle ils les acquièrent et la violence avec laquelle ils les défendent »…


Ma vengeance aveugle contre Nancy Huston étape 2 : on repompe

L'art de la vengeance ça me connaît, c'est que j'ai lu Sun Zi à une époque, et donc c'est aussi savoir piquer à l'adversaire ses armes pour les faire nôtres. Comme j'admets de bonne grâce que Huston est brillante, son écriture fine, argumentée, précise, etc., en vertu de quoi irais-je me priver de lui piquer quelques idées, hum ? Ce qui au passage vous permettra de constater que, traduites avec mes mots, les précieuses pensées de Huston ne sont finalement que des rappels de grossiers basiques éculés…

1/ Parler de ce qu'on connaît
Dans le texte Tolstoï et Sartre : bonne foi, mauvaise conscience, Nancy Huston reproche à Sartre son asservissement à l'intelligence, ses personnages romanesques ressemblant si peu à des êtres humains. Elle a cette phrase : « Si l'écrivain se coupe de son enfance, de ses racines, de sa mémoire physique, onirique, ancestrale, il se prive de tous ses moyens artistiques. Car c'est précisément ce qui, chez lui, est « contingent » (…) qui constituera, dans ses livres, sa force ».
Ça en jette hein ? Oui enfin bon en même temps qu'est-ce d'autre au final qu'une paraphrase de ce précepte avec lequel on n'a de cesse de rebattre nos oreilles d'écrivains en devenir  : parlons de ce que nous connaissons ! Cela dit, ça ne peut pas faire de mal de le répéter une fois de plus…

2/ Écouter la musique de ses textes – et se relire !
Rien de mystique hein, rassurez-vous, il s'agit uniquement d'entendre comment sonnent nos phrases. Dans son texte Festins fragiles, Huston dit que « chaque roman a sa musique spécifique ». Elle ajoute : « la révision d'un texte littéraire – phase infiniment plus longue et ardue que celle de son écriture – relève pour moi d'une écoute exigeante de son rythme, de sa poésie ! ».
Huston n'est pas seule à le dire. Beaucoup d'écrivains témoignent se relire à haute voix pour entendre la rythmique de leurs phrases. Dans le somptueux Les chênes qu'on abat…, Malraux rapporte que De Gaulle déplorait avoir du mal à s'extraire du rythme ternaire dans ses écrits.
Alors n'attendons plus et adoptons la relecture à voix haute !
Notez que la citation de Huston fait référence à un autre incontournable : le temps de relecture. Le livre n'existe pas tant que tous les mots ne sont pas couchés sur papier, on est d'accord. Mais pour tous ceux d'entre vous qui ne sont pas des génies (ah non, je n'ai certainement pas à m'inclure dans cette catégorie  !) le livre n'existe toujours pas une fois que le point final du récit a été posé. Vous n'avez alors qu'une ébauche qui demande à mûrir et s'affiner. Une fois votre récit terminé, relisez-vous. Et coupez, et réécrivez. Puis relisez-vous et recoupez et re-réécrivez. Et quand vous pensez vous être suffisamment relus, laissez poser quelques semaines puis relisez-vous à nouveau, et recoupez et réécrivez, jusqu'à ce que chaque mot vous paraisse irremplaçable et indispensable et que rien ne vous semble améliorable. Et puis allez relisez-vous encore une dernière fois pour la route, et là on verra ce que l'éditeur pourra bien trouver à redire (ou à relire ?) !

3/ Se prendre pour Être Dieu !
Dans son texte Marguerite Duras : les limites de l'absolu, Nancy Huston écrit : « Tout écrivain ment en sélectionnant, pour se créer un monde à l'intérieur de l'univers  ». Ok. Mouais. Allons plus loin, non ? Nous ce qu'on veut c'est écrire des best-sellers, pas la réalité. Comme disait Sydney Pollack dans Tootsie, les gens ne veulent pas payer une place de théâtre pour entendre parler de miasmes chimiques quand ils en respirent déjà toute la journée ! Eh bien pour les bouquins, c'est pareil !
Quand nous écrivons nous avons tous les droits, toutes les libertés. Nous pouvons créer l'univers comme nous l'entendons, à notre image ou non. Zut, quand nous écrivons, nous sommes Dieu !!

4/ Permettre à l'histoire de mener sa vie propre
Dans Instruments des ténèbres, Nancy Huston fait dire à son héroïne Nadia/Nada, parlant de l'écriture, ceci : « D'avance, on sait très peu sur la forme que prendra la statue. (Jamais je n'aurais cru que la grossesse de Barbe se passerait ainsi.) ». Tout au fil de ce livre, on retrouve cette idée d'un récit qui prend forme presque malgré l'auteur.
Bon ça c'est vrai. Vous qui écrivez, ça vous est arrivé n'est-ce pas ? Vous avez votre trame, plus ou moins détaillée, parfois peut-être très détaillée mais bien sûr tous les détails ne vous sont pas encore connus, et donc vous commencez à rédiger une scène et subitement l'un de vos personnages a un geste, une parole, un acte que vous n'aviez pas anticipé – ou en tout cas pas eu conscience d'anticiper. Grisant non ? Beaucoup d'auteurs parlent de ce moment prodigieux où les personnages commencent à vivre leur propre vie. Certains parlent de muse, dans Instruments des ténèbres Huston fait intervenir un daimôn. D'autres parlent simplement d'inspiration.
Mais restons terre-à-terre, l'inspiration n'est pas toujours de bon conseil (les passages faisant intervenir le daimôn sont d'ailleurs ceux qui m'ont le moins intéressée dans Instruments des ténèbres), et la transe créatrice n'empêche pas de se rappeler des points mentionnés en 2/ : garder à l'oreille la musicalité de l'ensemble, et surtout relire, relire et relire.

5/ Être un écrivain nouveau
Dans son texte Le déclin de l'« identité » ?, Nancy Huston s'interroge sur le rôle de l'écrivain. Il y a un siècle, un siècle et demi, dit-elle, « les écrivains pouvaient encore viser à élargir les horizons de leurs lecteurs ». En effet, l'existence du « lecteur d'antan » était « restreinte à la réalité ». Ce lecteur n'avait ni télé, ni radio ou téléphone, ni appareil photo, ni voiture. Il ne savait « que ce qu'il voyait, entendait, et touchait ». Ainsi, la littérature « sous toutes ses formes » pouvait-elle s'appliquer « à faire exister, dans l'ici et le maintenant, des réalités d'ailleurs ou d'autrefois ». Huston dit encore que ce lecteur « avait une identité culturelle ». Tandis que le lecteur contemporain « en a mille : autant dire aucune ».
Arrivés à ce stade, j'imagine que vous brûlez d'impatience de savoir ce que Nancy Huston propose comme rôle à l'écrivain nouveau. Je vous comprends. Et pourtant, désolée, mais ce passage ne m'a pas suffisamment convaincue pour que j'aie envie de vous l'expliquer là. Non, vraiment, n'insistez pas.
Pff, trop faible moi… Bon allez, ok, d'accord, très bien, je vous le résume quand même, mais vite fait alors, et vous allez voir c'est décevant ! Alors donc en gros il y aurait désormais les écrivains « polarisés » (qui trouvent matière dans leur culture et s'en satisfont), les écrivains « pulvérisés » (multiculturels parfois jusqu'à l'excès, par exemple Romain Gary), et les écrivains « divisés », ceux qui ont non seulement changé de pays mais en souffrent. Naturellement, Nancy Huston se rangent dans ces derniers. Naturellement, elle leur trouve toutes les qualités du monde. Et naturellement, elle n'y range pas les futures écrivains bretonnes exilées à Paris ! Ah ce snobisme de la double nationalité métropolitaine… Voyez, c'était vraiment pas la peine de s'y attarder.
D'autant que moi, j'ai compris directement ce qu'était l'écrivain nouveau. C'est J.K. Rowling et c'est J.R.R. Tolkien. C'est écrire Harry Potter et Le seigneur des anneaux. Si le lecteur d'aujourd'hui a une existence non restreinte à la réalité, alors oublions la réalité, offrons-lui tout ce qu'il imagine et tout ce qu'il ne peut imaginer car il n'est pas l'écrivain génial que nous serons bientôt ! Dire que certains ont besoin d'écrire des textes alambiqués pour y réfléchir et ne comprennent même pas que la solution est aussi simple que ça. C'est pourtant pas sorcier…

6/ Affronter les angoisses de l'écrivain
Enfin, dans Déracinement du savoir, parlant d'un atelier d'écriture auquel elle a participé étudiante, Huston nous rapporte ce qu'elle y a appris des peurs de l'écrivain : « l'angoisse de la page blanche, le « blocage de l'écrivain », la rivalité, l'impuissance, la rage et la jalousie littéraires, et le désir (absurde, évidemment, pour une jeune fille de dix-neuf ans) d'être Écrivain avec un grand E, d'écrire tout de suite un chef-d'œuvre… Oui : j'appris, en somme, à ne plus oser écrire du tout, et à vouloir, à défaut d'écrire, mourir ».
Nous aurons plein d'occasions de revenir sur l'angoisse de la page blanche, le blocage, la rivalité et toutes ces choses dans de prochains billets. Attardons-nous plutôt sur le drame de cette pulsion de mort, quand l'écriture ne vient pas ou n'est pas à la hauteur. Entre nous, cette pulsion, oubliez-la : elle ne nous concerne certainement pas ! Oh non, ouhlàlà, pas du tout, personne ici n'a jamais parlé de devenir Écrivain avec un grand E ni d'écrire un chef-d'œuvre, juste de devenir ces écrivains suffisamment avertis, un minimum doués et ce qu'il faut de besogneux pour produire des best-sellers ! Entreprise autrement valorisante et différemment ambitieuse, moins narcissique, moins destructrice et potentiellement beaucoup plus lucrative. Que du bénéf, je vous dis !


Ma vengeance aveugle contre Nancy Huston étape 3 : et maintenant on frappe un grand coup !

Bon qu'est-ce que vous en pensez, je suis suffisamment vengée là ? Je ne sais pas moi, je me dis qu'une vengeance n'en est pas vraiment une sans coup de grâce. Ce serait dommage de s'en tenir à de la demi-teinte, non ? D'autant qu'elle, elle n'y est pas allée de main morte quand elle s'en est prise à ce blog.
Bon allez, puisqu'on est tous d'accord, en avant pour l'assaut final !!
J'avoue que ça m'arrange que vous ayez accepté, ça fait un moment que je voulais inaugurer la version féminine de mon logo « danger cliché » et je suis drôlement contente de le faire aux dépens de Nancy Huston !
Car oui, on trouve du gros méchant cliché chez Huston, comme quoi même les plus brillants esprits n'y échappent pas !
Mais laissez-moi savourer cette vengeance. Ce cliché, je ne vais pas vous le livrer comme ça, abruptement, ça gâcherait le plaisir. Je vous raconte.
Alors imaginez-moi, qui étais là, tranquillement en train de lire Âmes et corps. Toute à mon esprit de revanche. Me réjouissant à l'idée de tous les sarcasmes et raccourcis faciles que ça allait pouvoir m'inspirer et de toutes les bonnes infos que j'allais pouvoir y piocher pour vous les livrer gratuitement ici. Hmm... c'était bien !…
Jusqu'à ce que j'en arrive, page 183, au texte La donne. Huston dit que c'est, de ses textes, celui qui a été le plus largement diffusé, et l'un des plus sujets à polémiques. J'en ai cherché des commentaires dans Google, n'en ai pas trouvé parmi les premiers résultats de ma recherche et ai abandonné. J'aurais été curieuse de savoir ce qui s'en est dit pourtant. Car moi, ce texte m'a gênée. Tellement que j'ai douté, après l'avoir lu, pouvoir mener ma vengeance à bien. Sérieusement, oui oui !
Avant Âmes et Corps je ne connaissais quasi rien de Nancy Huston. Ma première lecture d'Instruments des ténèbres ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, au point que j'avais mélangé cette lecture avec celle de Ténèbres, prenez-moi la main, de Dennis Lehane, qui n'a pourtant rien à voir si ce n'est ce « ténèbres » dans le titre français. Je suis également toujours passée à côté de ses interventions dans Le Monde et autres journaux. J'ignorais qu'elle était cette érudite, féministe, penseuse de l'esprit, provocatrice, douée. J'ignorais qu'elle était cette femme que je trouvais belle en découvrant son profil sur la couverture d'Âmes et corps. C'était donc pour moi une grande, belle et intelligente découverte.
Jusqu'à ce fameux texte La donne, dont le premier paragraphe débute par les mots « Je suis belle » et le second par les mots « Par ailleurs, je suis intelligente ». Dans ce texte, elle s'en prend à l'hypocrisie qui consiste à nier qu'il existe une « donne », une inégalité de départ tant au niveau de l'intelligence que de la beauté. Elle argumente, se prend comme exemple. Est-ce cela qui m'a gênée, qu'elle se décrive comme belle et intelligente ? Je le pensais avant qu'elle ne me le dise, pourquoi cela me gênerait-il ? Ou alors étais-je gênée qu'elle le dise ? Est-ce que cela m'énervait qu'elle ne fasse pas preuve de cette humilité, que certains peuvent choisir d'appeler hypocrisie ou fausse modestie, en tout cas de cette attitude communément admise qu'on ne se vante pas de ces choses-là ? Je ne crois pas. Enfin, ok, ça m'a peut-être énervée, un petit peu. Ou plus qu'un petit peu, peut-être, ok.
Il faut dire que certains de ses choix de mots ont de quoi crisper. A plusieurs reprises elle parle de sa « beauté supérieure » et de son « intelligence supérieure » (par exemple : « mon intelligence supérieure rendait pénible et humiliant de travailler à plein temps comme secrétaire »). Elle dit que ses occasions de tirer avantage de sa beauté furent innombrables, mais aussi inévitables : « si j'avais voulu les éviter, il aurait fallu que je me déguise en femme laide ». Elle semble penser avoir eu accès à des expériences qui ne se peuvent vivre que lorsque l'on est, comme elle, exceptionnellement gâtée en matière de beauté et d'intelligence, par exemple dans ce passage où elle déclare : « Il est rare qu'une seule et même personne ait fait l'expérience des deux extrêmes, c'est-à-dire, ait été traitée en alternance comme tout-corps et comme tout-esprit ».
Alors oui, j'admets que l'accumulation de telles formules m'a agacée, cependant jusqu'au bout je me suis dit qu'il devait s'agir d'un second degré qui me dépassait. Et puis Huston insiste sur sa beauté et son intelligence mais se défend régulièrement de s'en vanter, arguant : « je n'ai jamais compris qu'on puisse se vanter du jeu qu'on avait reçu grâce aux hasards du destin ». Ma gêne ne venait donc certainement pas (que) de ça.
Alors quoi ?
Alors déjà, peut-être (sûrement dites-vous ?) fais-je partie de ces idéalistes qui ne veulent pas accepter une vérité, mais moi je prétends que tout n'est pas joué dès la naissance. Que la beauté comme l'intelligence sont des choses que l'on peut travailler – que l'on peut également choisir de ne pas travailler, d'ailleurs. Je prétends aussi que quand Nancy Huston dit que, parce qu'elle a quarante ans, sa beauté n'en a plus pour longtemps, et que désormais ses étudiantes sont souvent plus belles qu'elle, et que bientôt sa fille d'alors 11 ans sera plus belle qu'elle, elle se trompe. Qu'il est possible de dissocier beauté et potentiel de séduction, et que la beauté d'une jeune femme au sommet de son potentiel de séduction avec tout ce qu'elle irradie d'hormonal n'éclipse pas la beauté d'une femme de tout âge y compris très avancé dont le corps et l'esprit (Nancy Huston ne parle-t-elle pas d'âmes et corps ?) s'expriment en harmonie.
Mais surtout ce qui m'a gênée, le gros méchant cliché dont je vous parle (oui, nous y voilà !), c'est tout ce que Huston pense ne pouvoir exister que pour celles qui disposent d'une beauté supérieure, d'une intelligence supérieure. Je prétends que quand Nancy Huston imagine que très peu de personnes ont, comme elle, vécu alternativement des situations où elles étaient traitées comme purs esprits et des situations où elles étaient traitées comme purs corps, elle se trompe. Je prétends qu'il n'est pas besoin d'être supérieurement belle et/ou intelligente pour être régulièrement traitée parfois comme tout-corps, parfois comme tout-esprit. Je me sens bien placée pour témoigner de ce que toute femme, toutes quelconques que soient sa beauté et son intelligence, est régulièrement traitée en alternance comme tout-corps et comme tout-esprit.
Je crois que la conscience que Huston a de sa beauté et de son intelligence a nui à son objectivité. Je la soupçonne d'être engagée dans une course à laquelle elle imagine peut-être que toute femme participe activement et à laquelle pourtant je sais que toute femme ne souhaite pas forcément participer (je me fonde par exemple sur ce passage où, parlant d'un charismatique écrivain-professeur qui animait des ateliers d'écriture à l'université, auxquels assistaient Huston ainsi que 9 autres jeunes femmes, toutes, selon Huston, très intelligentes et très belles, et toutes, selon Huston, se livrant « une concurrence féroce pour plaire au professeur », Huston donc, étant parvenue à le séduire et coucher avec lui, écrit ces mots : « J'ai gagné ». Bien sûr je n'en ai pas été témoin, mais j'ai du mal à imaginer que ces 9 autres jeunes femmes nourrissaient toutes un réel désir de coucher avec leur professeur. Qu'il y ait eu jeu de séduction certainement, mais tant de fantasmes ne veulent surtout pas être assouvis ! Qui a gagné, qui a perdu, et quoi ?). Et je dis que j'ai été déçue et même attristée de lire ces phrases, ces clichés, de la part de celle que je venais de découvrir si brillante, intelligente et féministe.

Ça casse, ça, hein ?!
En tout cas pour ma part, ayé, ça va mieux, vengée !
Quant à vous remerciez-moi tout de même, c'est vrai quoi, vous aussi ça vous défoule, non ? Et puis j'ai été sympa, je vous ai fait grâce de « Huston, vous avez un problème » ! (Ah ben non, désolée, pas pu résister finalement…)


Ouvrages cités :
  • Slaloms, Les formidables aventures de Lapinot tome 0, de Lewis Trondheim, L'Association 1993 puis Dargaud en 1997 (entièrement redessiné !), 48 pages
  • Âmes et corps, Textes choisis 1981-2003, de Nancy Huston, Essai, Actes Sud, coll. Babel, 2009, 275 pages
  • Instruments des ténèbres, de Nancy Huston, Actes Sud, coll. Babel, 2005, 345 pages
  • L'art de la guerre, de Sun Zi (appelez-le Sun Tzu ou Souen Tseu ou ce que vous voulez, je ne démordrai pas de mon Zi, apprenez le chinois et vous verrez, et oui je sais qu'en vrai il s'appelait Sun Wu et alors ?, zut à la fin !), ne parlons pas d'éditeur ça ne voudrait rien dire c'est trop vieux, vous pouvez le lire gratuitement ici
  • Les chênes qu'on abat…, d'André Malraux, Gallimard, 1971, 239 pages

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