vendredi 30 avril 2010

La Petite Fille Bois-Caïman, suite et fin des Passagers du Vent, de François Bourgeon

la petite fille bois caiman suite et fin des passagers du vent de françois bourgeon

La Petite Fille Bois-Caïman, Livre 1, cycle Les Passagers du Vent, François Bourgeon, éditions 12 Bis, 2009, 86 pages
La Petite Fille Bois-Caïman, Livre 2, cycle Les Passagers du Vent, François Bourgeon, éditions 12 Bis, 2010, 76 pages
(Ces deux BD font suite aux cinq premiers tomes du cycle Les Passagers du Vent, parus entre 1979 et 1984, éditions Glénat puis Casterman puis 12 Bis : La Fille sous la Dunette, Le Ponton, Le Comptoir de Juda, L'Heure du Serpent et Le Bois d'Ébène)

L'histoire en quelques mots
En Louisiane et en pleine guerre de Sécession, la jeune Zabo se défie de sa bisaïeule, Isa, avant de se passionner pour le récit de sa très longue vie.


!! Attention, la suite de ce post dévoile des infos capitales sur le contenu de la série !!

Ma lecture
Ce qu'il a eu chaud, François Bourgeon, mais ce qu'il a eu chaud ! Parce que j'aime mieux vous dire que si j'avais ouvert ce blog en 2009, après la sortie du tome 1 de La Petite Fille Bois-Caïman mais avant celle du tome 2, les oreilles qu'il tend sur l'image là-haut auraient méchamment sifflé ! Heureusement pour lui, j'ai depuis pu lire le second et dernier tome et suis disposée à relativiser.
Les Passagers du Vent vous connaissez tous, non ? Non ?! Bon, alors pour ceux d'entre vous qui auraient la chance d'avoir encore tout à en découvrir, Les Passagers du Vent c'est juste LA série de BD des années 80, 5 tomes admirables pour une fresque historique et d'aventure et de poésie, avec peut-être LA plus grande héroïne de BD à ce jour (Isa) et des bons mots à quasi chaque bulle. Les deux dernières planches du dernier tome étaient des plus somptueuses, l'histoire n'attendait pas de suite. Pourtant 25 ans après Bourgeon choisit de nous en proposer une, en deux tomes. Vous comprenez bien que je l'attendais avec espoir autant qu'intransigeance !
Et résultat : un premier tome lent, mais lent, où l'on retrouve l'exigence historique des premiers tomes de la série, sauf qu'elle y est si présente qu'il faut s'accrocher pour entrer dans l'action. Et surtout une grosse déception car, quand Bourgeon a annoncé une suite aux Passagers, on s'attendait à retrouver « nos » passagers du vent : Isa, Hoel, avec un peu de chance Mary ou Grignoux, à la rigueur La Garcette ou Saint-Quentin. Or si on finit par retrouver Isa (au bout d'une cinquantaine de longues planches tout de même !) on ne retrouve aucun des autres passagers, exception faite malheureusement de Madame de Magnan (vous savez, cette bourgeoise atroce qu'on avait détestée dès sa première vignette dans Le Bois d'Ébène, et plus encore après qu'on l'ait surprise couchant avec Hoel ! Ah oui, je l'avais détestée moi !). C'est d'autant plus dommage que les moments les plus réussis de La Petite Fille Bois-Caïman sont ceux qui nous replongent dans la vie d'Isa. Les répliques inspirées de Bourgeon ne sonnent plus juste que dans sa bouche, son arrière-petite-fille Zabo peine à susciter notre intérêt et le parallèle permanent de l'une à l'autre (notre première rencontre avec Zabo la voit prononcer ces mots si forts d'Isa en fin de tome 5 : « J'ai 18 ans et la vie devant moi ») ne fait qu'ajouter à l'impression qu'à âge égal l'Isabeau nouvelle est moins intéressante, moins magnétique et de surcroit moins belle (bah oui ça a son importance, c'est de la BD tout de même !) que sa bisaïeule. Le deuxième tome, plus centré sur Isa, séduit davantage.

J'en retiens que dans mon best-seller :
- J'éviterai de prétendre publier la suite d'une série quand il s'agit en fait d'une nouvelle série dans laquelle il se trouve qu'intervient un personnage déjà rencontré dans une série précédente. La Petite Fille Bois-Caïman n'est pas la suite des Passagers du Vent, le présenter comme tel amène les lecteurs à avoir plein d'espoirs et d'exigences forcément déçus. Si Bourgeon avait annoncé publier une nouvelle série, ses fans auraient pu l'aborder sans attentes autres que celle de lire une bonne BD, et être surpris et ravis d'y retrouver, comme un bonus, leur Isa, plutôt que d'être déçus de ne pas la voir davantage ou de ne rien savoir des autres passagers du vent.
- Je me relirai bien avant d'écrire une suite 25 ans après. Parce que notre mémoire n'est pas infaillible et sans bonne relecture on se retrouve avec un personnage qui s'appelle Elisabeth de Magnan dans Le Bois d'Ébène et qui devient Claire de Magnan dans La Petite Fille Bois-Caïman.
- J'éviterai de me débarrasser d'un personnage essentiel d'une phrase parce qu'il ne m'intéresse plus. Avions-nous vraiment envie qu'Isa et Hoel se recroisent si c'était pour ne pas nous montrer la scène et juste laisser Isa nous en dire : « vingt ans après nous n'avions plus rien à nous dire » ? On l'aimait bien, Hoel, pourquoi l'évoquer avec une telle désinvolture plutôt que de simplement nous laisser rêver son destin à notre guise ?
- J'adopterai la continuité et les clins d'œil. Ça fait plaisir de retrouver dans ces deux nouveaux tomes le rapport d'Isa à la mer, à l'eau. Ça rappelle des souvenirs forts quand dans le dernier tome Louis Murrait la raisonne avec un : « Nous ne sommes pas en Utopie », alors que dans Le Bois d'Ébène Rousselot lui disait déjà : « Ce ne sont pas vos espoirs que je charge mais bien plutôt vos utopies ». Ça fait plaisir de vivre son évolution psychologique et amoureuse au travers d'une image : dans Le Comptoir de Juda, elle disait à Hoel « Si tu acceptes de partager mes nuits, tu dois aussi accepter de partager mes rêves ! », des années après elle dit à Jean « Si je t'ouvre mes nuits, tu seras terrifié par tous mes cauchemars ».
- Mais j'éviterai de trop en faire tout de même ! Qu'est-ce que cela apporte au juste à l'histoire qu'une héroïne qui a vécu l'horreur du viol à 14 ans puis celle des coups brutaux (lèvres tuméfiées, œil gauche disparu derrière un hématome) à 17 revive ces traumatismes à 27 (re-viol, re-lèvres tuméfiées et re-œil gauche boursouflé) ? Si l'histoire ne fait rien d'autre que se répéter, à quoi bon deux nouveaux tomes ?
- Je garderai mes bonnes idées initiales. C'était super, les petits astérisques renvoyant à des explications historiques ou traductions en bas de planche dans les premières BD de la série ! On prenait, on laissait, on faisait ce qu'on voulait, chouette quoi ! Pourquoi dans les deux tomes nouveaux nous infliger de longs discours historiques à l'intérieur du récit (gonflant !) et en revanche placer toutes les traductions en fin de bouquin (incompréhensible !) ?
- J'éviterai d'utiliser des ressorts de films d'horreur dans une œuvre par ailleurs ambitieuse. Si même chez Bourgeon les héros sont punis quand, après pourtant des années d'attente et d'abstinence, ils ont enfin loisir de passer à l'acte, où va-t-on je vous le demande ?

jeudi 29 avril 2010

Vous ne serez jamais Beckett ou Duras (en partie par ma faute)

nancy huston et les ecrivains purs comme duras ou beckett
Et voilà. Dix jours que ce blog existe, et on me le remet déjà en cause.
Pas vous non.
Nancy Huston.
Elle vous remet aussi en cause, à propos.
Ah je vois bien qu'une fois encore vous avez du mal à me croire. Pourtant voyez ce que je viens de lire dans son recueil Âmes et corps (Textes choisis 1981-2003, Actes Sud, 2009, 245 pages) :
Il y a une divergence profonde, voire une incompatibilité radicale, entre écrire un roman et réfléchir sur les structures romanesques. Pour écrire un roman, il faut ne pas trop savoir ce qu'on fait.
Ça, c'est en page 30. Deux pages plus loin, réagissant à ceux qui décortiquent ses écrits :
C'est comme si, à une femme qui vous donnait à manger un gâteau au chocolat amoureusement préparé, vous réagissiez en lui donnant votre avis sur la quantité et la marque de farine, de beurre, de sucre qu'elle y avait mis. Mais... aurait-elle envie de vous dire... mais... est-ce que c'était bon ? Est-ce que vous avez aimé ? C'est tout ce qu'un auteur de roman a envie de savoir. Il ne veut pas que vous soyez malins, il veut que vous soyez émus.
Et voyez aussi ce qu'on trouve en page 29 :
J'assume mon statut de romancière impure, oui... Mais cela ne va pas sans nostalgie. Nostalgie pour l'innocence des écrivains "purs" comme Beckett ou Duras, qui ne se sont jamais "salis" au contact de l'université, de la réflexion abstraite sur la littérature.
Voilà. Alors, qu'est-ce que je vous avais dit ? Bon, remarquez que nous avons une certaine chance vous et moi, car n'ayant pas cette formation universitaire qui entraîne à décrypter structure et éléments du récit je vous livre ici des conseils largement plus concrets qu'abstraits !
Il n'empêche que, en partie à cause de moi et de mes fines analyses qui vous pervertissent, vous ne serez jamais des écrivains purs comme Beckett ou Duras. J'ai bien dit en partie seulement hein, ne rejetez pas toute la faute sur moi non plus, ce serait malhonnête, parce que quand on vient sur un blog qui propose plein de formidables astuces pour devenir auteur de best-seller, on est au minimum complice !
Bon. Alors que faire maintenant ?
Je ne vois qu'une option.
La vengeance aveugle, évidemment !
Nancy Huston tiens-toi prête, mon prochain post sera pour toi !
Enfin... peut-être pas le prochain, je voudrais parler d'autre chose d'abord, mais le suivant alors, ou un très prochain post, enfin en tout cas méfie-toi !! Héhé...

mardi 27 avril 2010

Science & Vie de mai 2010

ecrire avec science et vie de mai 2010
Chouette, je viens de rentrer avec le Science & Vie de mai !! Comment ça vous vous en moquez ? Grosse erreur, c'est une source d'inspiration incomparable, et pas uniquement pour les auteurs de science-fiction !
On y trouve de tout sur la vie, l'intellect, la nature, notre environnement, les étoiles, de l'insolite et de l'essentiel, les avancées scientifiques, les espoirs pour demain, des explications sur hier... A coup sûr Jules Verne, Hergé et Franquin le liraient s'ils étaient encore des nôtres, et vous n'allez tout de même pas me dire que Jules Verne, Hergé et Franquin ignoraient ce qu'ils faisaient !
Admettons, concéderez-vous face à cet argument redoutable, mais il y a pléthore de magazines scientifiques, pourquoi celui-là plutôt qu'un autre ? Eh bien parce qu'il est pointu et vulgarisateur à la fois, parce que le format, le papier et la maquette sont agréables, et parce que, par-dessus tout, je l'aime bien et il me fait rêver et ça ne s'explique pas.

Toujours pas convaincus ?
Alors voyez plutôt ce que j'ai appris dans ce seul numéro :

- J'ai appris à fabriquer une bombe atomique (p. 72). Vu que j'ai aussi tout appris du fonctionnement des distributeurs automatiques de billets (p. 120-121), vous imaginez l'envergure des crimes que je vais pouvoir faire commettre à mon héros sans scrupules ! Gnarkgnarkgnark...

- J'ai appris qu'on ne prête pas suffisamment attention aux expériences qui échouent (interview de Patrick Couvreur, p. 140) car peut-être, s'il y avait une mémoire de ce qui n'a pas marché, la recherche avancerait-elle plus vite. Je vois déjà le héros de mon bouquin suivant, scientifique rêveur et idéaliste qui décidera de lancer la première revue scientifique consacrée aux expériences ratées et qui, si j'ai envie d'un gros suspense, pourrait finir, d'analyse en analyse de ces échecs, par avoir une grande révélation sur ce qui pourrait bien sauver la planète, eh oui, pourquoi pas !

- J'ai trouvé plein de gadgets pour super-espions. Mon agent double à moi pourra, explications scientifiques à l'appui :
  • téléphoner en toute discrétion sans émettre de son (p. 45),
  • se servir de sa peau comme d'un écran tactile cliquable (p. 44),
  • recharger tous ses appareils électroniques genre téléphone portable en toute circonstance puisque ses vêtements seront composés d'un fil de coton conducteur d'électricité (p. 45),
  • et si cela ne suffisait pas, il pourra produire de l'électricité supplémentaire à l'aide de nanotubes de carbone (p. 44) !

- J'ai appris qu'au Congo on a découvert ce qui pourrait être un énorme cratère d'impact d'une météorite (p. 32). La météorite pourrait avoir fait 2 km de diamètre et avoir heurté la Terre il y a 145 millions d'années. Imaginez combien d'exemplaires je vais vendre du bouquin qui soutiendra la thèse d'une naissance de l'humanité au Congo, suite à l'arrivée de cellules pensantes déposées par une météorite en plein âge de gloire des dinosaures !

- J'ai appris plein de choses sur l'intelligence de la nature (p. 46-65) et j'ai appris un mot : biomimétique (soit la reproduction artificielle des propriétés d'organismes naturels, en clair à titre d'exemple étudier et imiter la soie de l'araignée pour fabriquer des câbles plus résistants et plus écolos que les câbles d'acier). Et ce mot pourrait être très pratique pour mon best-seller qui racontera l'histoire d'une planète que ses industriels, hommes de pouvoirs, chercheurs et scientifiques auront fait évoluer non pas en cherchant à tout prix à battre la nature ou à s'en démarquer, mais en s'appuyant au contraire sur les 4,5 milliards d'années (oui, coïncidence, cette planète aurait le même âge que la Terre !) de R&D qui ont fait évoluer les espèces vivantes jusqu'à leur forme actuelle, pour s'environner de matériaux performants et produits à bas coûts énergétiques.

- J'ai appris pourquoi on pouvait passer une nuit sans boire ni uriner (p. 20). C'est une histoire de libération de vasopressine et d'horloge interne assez inintéressante à vrai dire, mais je m'imaginais sadiquement doter un de mes personnages d'une déficience à ce niveau, qui le contraindrait à se lever chaque nuit deux fois par heure pour se réhydrater et uriner. Quoi, vous trouvez que ce n'est pas une bonne idée ça ??

dimanche 25 avril 2010

Mais qu’en pensera Télérama ?

ecrire et vivre la critique

Vous avez regardé Envoyé Spécial jeudi dernier ? Moi non. Mais je suis tombée sur la rediff dans la nuit de vendredi à samedi (oui je suis comme ça, toujours avide de me cultiver à la fin d'une semaine de boulot) et n'ai pas zappé car il y avait cet acteur et homme fascinant qu'est Vincent Lindon.

Lindon, peut-être le saviez-vous, s'est heurté à Eric Besson sur un plateau télé il y a quelques mois, du coup la journaliste d'Envoyé Spécial l'interrogeait sur son engagement politique. Il répondait avec simplicité, mais imaginait sitôt (vivait même sitôt) la réaction condescendante « du journaliste de Télérama », qui raillerait cet acteur découvrant le problème des sans-papiers. Est-ce que cette projection l'empêchait de s'exprimer ? Non. Mais il y pensait, suffisamment fort pour le formuler devant caméra et ajouter « on est bloqués ».

Lecteurs et futurs auteurs à succès comme moi, vous vous dites que cette torture de la critique vous concernera très bientôt. En écrivant (ou plutôt en réfléchissant à votre écriture, j'ai compris que vous étiez très forts pour ça) vous balisez déjà : « Mais qu'en penseront Télérama, Zemmour et Naulleau, ma mère et mon voisin du dessus ? » et vous aussi sentez votre parole bloquée. Heureusement pour vous, il existe une solution super efficace à la peur de se mouiller : suivre mes conseils !! Eh oui, lisez ce blog et vos bouquins seront inattaquables, de vrais achèvements littéraires ! Alors, rassurés ?

Mais je voudrais vous reparler de Vincent Lindon, car entre autres idées intéressantes dans ce reportage il a émis celle que la psychologie des personnages au cinéma c'est du flan, le temps de la narration y étant trop court pour permettre de montrer un métier par exemple. Pour lui un acteur doit pouvoir tout incarner en trois gestes. Il l'illustrait en prenant sa tasse de café puis ses couverts de trois façons différentes, comme il est observateur compulsif et acteur charnel (c'est la réalisatrice Delphine Gleize qui le dit !) c'était magistral. Alors je repensais à L'échiquier du mal lu la semaine dernière, dans lequel Dan Simmons se sent obligé de tout nous décrire en détail sur des centaines de pages, et je me disais que ce serait agréable un Vincent Lindon de l'écrit, capable de retranscrire une ambiance en trois mots précis, pas plus...

vendredi 23 avril 2010

L’échiquier du mal, de Dan Simmons

lire l echiquier du mal de dan simmons pour mieux ecrire- L'échiquier du mal, tome 1, Dan Simmons, VF, traduction Jean-Daniel Brèque, poche, Gallimard Folio SF, 2000, 688 pages (première édition aux USA 1989)
- L'échiquier du mal, tome 2, Dan Simmons, VF, traduction Jean-Daniel Brèque, poche, Gallimard Folio SF, 2000, 544 pages

L'histoire en quelques mots
Des vampires de l'esprit en manque de divertissement font des festins humains et politiques à l'échelle planétaire mais trouvent sur leur route un survivant des camps de concentration, une étudiante afro-américaine orpheline et un shérif têtu.



!! Attention, la suite de ce post dévoile des infos capitales sur le contenu du bouquin !!

Ma lecture
Prenez une grande respiration parce que je vais vous en écrire des tartines sur celui-ci ! Hé, je me suis coltiné les 1.232 pages de la VF, il faut que je rentabilise mon temps !
Et surtout, c'est un excellent exemple de bouquin où l'écriture mêle le meilleur et le pire, un vrai cas d'école ! Dans le pire : l'absence de travail d'éditeur (Simmons a choisi de s'en passer et s'en félicite, hem), des longueurs inutiles, des personnages à une seule facette, plats, clichés et peu attachants, et bien d'autres maladresses sur lesquelles je reviendrai dans mon point « j'éviterai ». Dans le meilleur : de bonnes idées, de l'imagination, un suspense politique et stratégique habile, quelques scènes ultra-violentes dont l'horreur nous laisse une empreinte durable (je le mets dans « le meilleur » car j'estime que cela témoigne d'un vrai talent dans la description de ces scènes, mais je précise que les scènes de viol vues à travers le regard du détestable Tony Harod (que Simmons met cependant tout en œuvre pour nous faire apprécier sur la fin), sont in-sou-te-na-bles, en tout cas pour moi, je conseille à ceux qui ne l'auraient pas lu, auraient fait fi de ma mise en garde de spoiler et seraient dérangés par ce type de scènes de ne lire qu'en diagonale tous les premiers chapitres rédigés selon le point de vue de Tony Harod), et surtout un énorme travail de recherche et de restitution de la réalité.


J'en retiens que dans mon best-seller j'adopterai :
- Le mythe du vampire. C'est décidément une valeur sûre, qui fonctionne d'autant mieux s'il fait l'objet d'une variation intéressante, comme c'est le cas ici.
- La rigueur dans le travail de recherche documentaire. Si l'on considère que le succès tient à l'équilibre entre histoire / personnages / travail / talent, disons qu'ici les personnages sont d'un intérêt mineur, l'histoire inégale, le talent ça se discute, en revanche que de travail, que de recherches historiques, scientifiques, psychologiques, médicales, recherches n'oubliant évidemment pas les techniques du jeu d'échecs, la trame reproduisant une partie mythique ayant opposé Boris Spassky à Bobby Fischer en 1972. Tant qu'on apprend des choses et que ce qu'on nous dit semble documenté et authentique, même si le reste est de moindre intérêt on se prend à apprécier et poursuivre la lecture.
- La patience et la ténacité. Avoir une histoire en tête c'est une chose, prendre le temps de la rédiger patiemment mot à mot sur 1.200 pages c'est ce qui distingue les écrivains de ceux qui ne le seront jamais que dans leurs rêves.
- La winner attitude. Parce que c'est à la mode (ne faites pas semblant de ne pas savoir à quoi je fais référence, on vous a vus regarder tf1 dans la nuit vous aussi !) et parce que ça fonctionne. Dan Simmons était prof, un jour il a décidé qu'il serait écrivain et s'en est donné le temps et les moyens, et voilà le résultat ! Il est écrivain !


En revanche dans mon best-seller j'éviterai :
- D'essayer de caser à tout prix tous mes points de vue. Car en un seul roman il est impossible (ou alors envoyez-moi la recette) de livrer une analyse : de la société, des médias, des luttes de pouvoir et de classes, des rapports hommes/femmes, de la sexualité, de la religion, du racisme, de la guerre, du nazisme, des ghettos et j'en passe, sans que cela finisse par nuire à l'histoire.
- De faire tuer des méchants de légende aux pouvoirs surhumains par de petits héros lambdas, n'ayant pas (à l'inverse d'un Frodo dans Le seigneur des anneaux ou même d'un Harry Potter faisant preuve d'une humanité impossible à comprendre pour un Voldemort) un trait de caractère les prédisposant à terrasser le mal. Parce que sinon ça veut dire qu'ils n'étaient pas si redoutables.
- De vouloir tout montrer. Parce que ok on a appris qu'il faut montrer, pas dire, mais nous est-il vraiment nécessaire de savoir au début d'une scène que Natalie a besoin de se soulager mais qu'à la fin de la scène elle n'en a toujours pas trouvé l'occasion, quand cette information n'apporte rien à l'histoire ?
- De me moquer de mon éditeur s'il me suggère de couper ou alléger certaines scènes. Si l'histoire fait 1.232 pages alors que tout pourrait être dit en 400, il n'a pas forcément tort.
- D'étaler ma science. Parler de ce qu'on connaît c'est très bien, se documenter pour éviter invraisemblances et anachronismes formidable, mais expliquer sur des pages le fonctionnement des ondes thêta ou de tel fusil semi-automatique ça n'aboutit qu'à nous faire décrocher de l'histoire, et parsemer les dialogues d'expressions en allemand non traduites c'est carrément une faute de goût. C'est vrai, je ne parle pas allemand moi, zut !
- De répéter des pensées ou gestes, surtout s'ils ne concernent pas chaque fois le même personnage. Si Saul « se surprend à avoir envie de lever ses jambes pour ne pas toucher le sol » quand il se retrouve dans un avion qui vole à basse altitude, et que 50 pages plus loin Natalie « se surprend à avoir envie de lever ses jambes pour ne pas toucher le sol » quand elle se retrouve dans un avion qui vole à basse altitude, on comprend que c'est surtout Dan Simmons qui, un jour, en avion, s'est surpris à avoir envie de lever ses jambes pour ne pas toucher le sol et a voulu en témoigner dans le livre, mais a oublié l'avoir déjà fait et a récidivé quelques pages plus loin.
- De changer les règles du jeu en cours de route parce que je ne sais pas comment m'en sortir sinon. Si pendant 700 pages les vampires psychiques ont besoin de contact visuel avec une personne pour pouvoir en prendre le contrôle, il n'y a pas de raison pour que, sans explication, l'un d'eux puisse s'en passer dans le reste du bouquin.
- D'avoir recours aux ressorts Deus ex machina. Non, il n'est définitivement pas crédible que deux personnages qui se retrouvent en pleine forêt, sans véhicule, encerclés de toutes parts y compris par la voie aérienne via des hélicoptères et traqués par des monstres qui lisent dans les pensées, que ces deux personnages donc tombent par miracle sur un 4x4 tout neuf, laissé au milieu de la forêt, prétend l'auteur, par un couple à l'intention d'un autre couple supposé rejoindre le premier pour un w-e de camping, avec la carte grise, un pack de bières et les clés gentiment planquées dans le pot d'échappement. Non. Soit les héros trouvent un moyen crédible de s'en sortir, soit ils meurent, mais ça non.
- D'éliminer le personnage le plus attachant (et peut-être l'unique personnage un tant soit peu attachant de l'histoire) alors qu'il reste plus de 500 pages à tirer.
- D'écrire des monologues interminables. Vous avez déjà vu dans la vraie vie quelqu'un qui, il ne sait pas pourquoi, a envie de passer 4 heures non-stop à raconter à une inconnue des choses de sa vie qu'il n'a jamais révélées, inconnue qui de son côté elle ne sait pas pourquoi (mais là nous lecteurs on commence à savoir, c'est parce que c'était bien pratique pour l'auteur) a envie de l'écouter, et comme au bout de 4 heures le monologue n'est pas fini mais l'inconnu est épuisé (on le comprend, on l'est aussi à force) ils vont tous les deux dormir (en toute chasteté mais chez l'inconnue, car même si elle n'a rencontré le bavard que le jour même, entrant par effraction dans une maison, qu'il vient de passer 4 heures à lui parler de vampires et que c'est un homme de 3 fois son âge, elle a envie de lui faire confiance), pour reprendre la conversation le lendemain matin au réveil ?
- D'écrire des dialogues sans tête. En tant que lecteurs on n'aime pas trop tomber sur 15 pages de dialogues d'affilée sans rien pour nous rendre la scène plus vivante ou concrète (action, geste, regard ou élément nous rappelant que ces phrases sont prononcées à un endroit et par des gens), pas vrai ? Eh bien il faut savoir qu'un éditeur c'est pire, s'il voit ça il se dit « amateur, débutant ! ». Alors, évitons.
- De rejouer des scènes depuis des points de vue différents. Chez Tarantino c'est chouette, pourtant, me direz-vous ! Oui, mais chez Tarantino quand on revoit la scène d'un autre point de vue on découvre des éléments essentiels qui bouleversent notre compréhension des événements. Si le nouveau point de vue n'apporte rien à notre compréhension du récit il ne fait que ralentir le rythme et gonfler sans intérêt un nombre de pages déjà beaucoup trop élevé.
- D'interrompre les scènes d'action par des flashbacks visant à expliquer la psychologie et les réactions en situation extrême d'un personnage. Soit l'histoire nous a permis de comprendre ses motivations, soit sa réaction dans l'action nous l'apprendra, mais briser le rythme de l'action, c'est niet.
- De tenter de harponner régulièrement mes lecteurs pour leur arracher de l'empathie que je n'ai pas su créer naturellement envers des personnages… pour mieux les tuer au paragraphe suivant !


Attention, cliché !
Il fallait bien que je commence à l'utiliser, mon logo « danger cliché » ! Alors désolée les gars, ça va peut-être vous faire un choc mais il faut que vous le sachiez : non, nos seins ne « gonflent » pas d'amour, de désir ou je ne sais quoi. Ils peuvent gonfler bien sûr, avec un soutien-gorge push-up, de la silicone, la maternité, une forte prise de poids et que sais-je encore, mais d'anticipation d'un acte amoureux, définitivement, non (détrompez-moi les filles si une telle expérience vous était arrivée !).
On le sait que vous n'êtes pas toujours très rationnels quand vous parlez de seins, tenez ça me fait penser à un bouquin d'Olivier Adam, Les vents contraires, lu il y a bien un an alors je ne pourrai pas vous garantir l'exactitude de la citation, en tout cas il comportait une scène où le héros, repensant à sa femme partie, se remémore comme il aimait la voir quand elle prenait son bain et que son grand truc était de disparaître entièrement sous l'eau, ses seins seuls dépassant de la mousse. Ça m'a intriguée alors, brave bête qui ferait n'importe quoi pour vous donner de l'info, de la vraie, j'ai testé et rien à faire, à moins d'avoir une baignoire vraiment grande ou d'être vraiment petite nos genoux sont pliés et dépassent, et à moins d'adorer le picotement de l'eau savonneuse dans les narines le visage aussi surnage, bah oui, essayez donc de mettre la tête en arrière dans une baignoire vous !, ou alors il faudrait un pince-nez et replier ses jambes sous soi pour camoufler les genoux et une telle position n'aurait plus rien de très sexy à mes yeux même si en effet de cette façon seuls les seins dépassent, et peut-être le pince-nez aussi, ça dépend du type de pince-nez utilisé, tout ça pour dire que certaines images vous semblent peut-être torrides les gars, mais elles nous font surtout décrocher, nous autres nanas, devant un fantasme pathétique de plus.
Mais revenons à Dan Simmons qui, le pauvre, s'est après tout contenté de parler de seins gonflés et n'avait pas mérité tout ça, peut-être, sauf que si ça a retenu mon attention critique c'est que ça arrivait après toute une série de scènes de fantasmes adolescents, suivies de viols pour l'essentiel, ayant pour objet des sujets aussi originaux que :
- la jeune actrice-mannequin ingénue, et quelques actrices plus âgées ne pensant qu'à coucher,
- l'hôtesse de l'air frigide,
- l'afro-américaine aux lèvres « pleines », que tout le monde sans s'être concerté semble avoir envie d'appeler « bébé » (on sait pourtant tous depuis Dirty Dancing que « bébé » ça fait ringard !),
- l'infirmière excitée,
- l'eurasienne sublime que rien n'effraie, à la beauté pure et aux gestes gracieux (j'aurais dû compter le nombre de fois où l'un de ses gestes est précédé ou suivi des adjectifs « gracieux », « souple », « élégant », etc.), impeccable en toutes circonstances, y compris par grand froid après six nuits blanches et dans une mare de sang.
Bref, comprenez qu'à force j'étais agacée. Je reconnais toutefois que les clichés n'épargnent pas les personnages masculins, puisqu'en face de ces forcément somptueuses créatures on trouve :
- un producteur hollywoodien trapu, velu et vicieux,
- une poignée de politiciens âgés et manipulateurs,
- un agent de la CIA sans états d'âme,
- un psy juif décharné ayant survécu aux camps,
- un brave shérif obèse et vieux garçon.
Alors à choisir, finalement...

jeudi 22 avril 2010

Dexter, de Jeff Lindsay

lire dexter de jeff lindsay pour mieux ecrire - Ce cher Dexter, Jeff Lindsay, VF, Points 2006, traduction Sylvie Lucas, 308 pages
- Dearly Devoted Dexter, Jeff Lindsay, VO, Orion New Ed, 2006, 304 pages
- Dexter in the Dark, Jeff Lindsay, VO, Orion 2008, 384 pages
- Dexter by Design, Jeff Lindsay, VO, Orion 2009, 352 pages
+ Série tv Dexter créée en 2006 par James Manos Jr d'après les romans de Lindsay, Showtime, saisons 1 à 4, avec Michael C. Hall et Jennifer Carpenter


L'histoire en quelques mots
Tout intelligent qu'il soit, Dexter Morgan n'entend rien aux sentiments. Le seul qui semble l'animer est une pulsion de mort qu'il assouvit en tuant la nuit et traquant des tueurs le jour (il est expert en sang à la criminelle de Miami).

Ma lecture
Bon avant de vous dire ce que j'ai pensé des bouquins autant vous avertir : j'ai vu les saisons 1 à 4 de la série tv (dont 32 épisodes en un week-end, quelqu'un parmi vous aurait une vie aussi trépidante que la mienne et le temps et l'envie de tenter de battre ce record ?) avant de savoir que des livres préexistaient, donc il faudra repasser pour le regard vierge, ET j'ai lu les tomes 2 à 4 en anglais, donc n'espérez pas une analyse des subtilités du style de Lindsay (chose qu'après une lecture en VF je serais tout autant incapable de faire, d'ailleurs).
Ceci étant posé, quel personnage intéressant que ce Dexter quand on le découvre pour la première fois, sur écran ou papier ! Drôle, fin, cynique, politiquement incorrect (encore que dans la version tv les méchants sont toujours promis à un sombre avenir et la barbarie atténuée), possible emblème de ceux qui se sentent au verso car plus qu'un tueur en série sans sentiments on rencontre un héros non conditionné par les règles de vie en société (spécialement dans les livres, la série tv a moins développé cet aspect, dommage) et perplexe devant les réactions humaines types, qu'il s'applique à imiter. N'allez pas croire que j'insinue que Dexter n'est pas monstrueux, car que de violence dans certains tomes, où l'on reste désemparés devant la légèreté avec laquelle Lindsay sacrifie des personnages principaux – ou des bouts essentiels du corps de certains personnages principaux. Mais le prétexte de son besoin de tuer permet une écriture non censurée et rafraîchissante, écriture par ailleurs agile et joliment imagée.
Tout n'est pas réussi cependant :- les personnages féminins sont superficiels et leurs descriptions font très adolescentes (ce que l'on peut pardonner quand elles sont données du point de vue de Dexter, dont le développement émotionnel est au mieux pré-pubère, mais qui gêne quand le point de vue est de toute évidence celui de l'auteur). Ainsi, Deborah, sœur de Dexter, est nettement plus réussie dans la version tv, tant psychologiquement que physiquement puisqu'interprétée par la géniale Jennifer Carpenter ;
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l'intrigue manque d'originalité, de crédibilité et de travail, les ressorts sont souvent simplistes et il est incompréhensible que Dexter ne se soit pas déjà fait prendre mille fois ;
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l'ensemble de la série de livres souffre d'un vrai déficit de continuité (imaginez qu'un grand méchant recherché pendant tout un tome par la police, le FBI et consorts s'échappe dans les dernières pages en laissant Dexter dans une posture difficile, mais que dans le tome suivant on ne l'évoque même pas : agaçant, non ?) ;
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et, point le plus regrettable, le personnage de Dexter s'appauvrit de livre en livre : le héros supposément surdoué accumule les gros manques de discernement, se fait moins différent, moins tueur, moins brillant (entre nous, si son passager noir fuit, doit-il pour autant devenir stupide au point de ne plus savoir calculer 2+2 ?), plus faillible, exprime de plus en plus de sentiments et perd du même coup sa singularité, s'éloignant du grand prédateur initialement entrevu.
Au final, lecture qui vaut le coup alors ? Oui malgré tout, car le suspense fonctionne, chaque page appelle la suivante, il y a beaucoup de trouvailles et d'humour, et en ce qui me concerne le personnage disposait d'entrée d'un tel capital sympathie qu'à chaque faiblesse je me disais que c'était l'auteur qui n'était pas à la hauteur de sa création et non l'inverse.

J'en retiens que dans mon best-seller j'éviterai :
- De créer un héros aussi passionnant et prometteur que Dexter si c'est pour, au fil des tomes, le décrédibiliser.
- De créer un héros trop intelligent pour moi que je serais incapable de faire raisonner au niveau qui devrait être le sien (ou alors ok pour un héros très intelligent mais j'aurai la sagesse de ne pas lui faire dépasser l'âge de 5 ans, âge auquel son niveau de développement intellectuel devrait demeurer je l'espère à peu près à la portée de ma compréhension).
- De donner au lecteur des clés que les protagonistes ignorent (par exemple dire qui est le tueur avant que qui que ce soit le sache, en usant parfois d'une voix off (oui il ose !!), ou encore insister lourdement au début d'un tome sur une scène qui permettrait au héros de comprendre tout le nœud de l'intrigue si seulement il y repensait… ce qu'il ne fait jamais avant la fin du tome malgré les gros voyants que l'auteur fait régulièrement clignoter devant ses yeux !) parce que, comme ici, cela a souvent pour effet de rendre le héros atrocement lent à la détente aux yeux des lecteurs, et parce que ça casse tout possible effet de suspense, résultat chaque page jusqu'au dénouement (dénouement pour les personnages uniquement hein, nous autres lecteurs on nous a déjà expliqué la fin au début !) semble s'étirer à l'infini.

En revanche dans mon best-seller j'adopterai :
- Le personnage attardé émotionnellement, pratique car il permet de ne pas avoir à justifier des actes violents tout en préservant la morale, et de ne pas avoir à traiter de scènes de sexe sans qu'on y voie une gêne de l'auteur à s'aventurer sur ce terrain. Donc si je veux vendre pour toutes les tranches d'âge dans tous les pays du monde pour hommes ou femmes libertaires ou puritains je creuserai cette idée.
- Le héros inoubliable. Car le capital sympathie ou intérêt d'un personnage peut pousser à poursuivre la lecture d'un tome puis des suivants quand bien même l'intrigue est faible.

mercredi 21 avril 2010

Clapotis de début

poisson d'argentEt un blog de plus ! Pourquoi, celui-là ?

Parce que comme tout le monde j'affirme crânement qu'un jour je vais écrire (oui j'ai bien dit comme tout le monde, n'essayez pas de nier, qu'est-ce que vous feriez ici sinon, et inutile de prétendre que vous cherchiez des conseils pour choisir un leurre pour pêcher le brochet ce week-end, j'ai fait le test dans Google et jusqu'à présent la recherche "choix leurre + pêche + brochet + ce week-end" n'a jamais orienté vers ce site alors arrêtez de dire n'importe quoi !), sauf que comme tout le monde jusqu'ici j'ai au mieux accumulé quelques papiers qui nourrissent mon élevage de poissons d'argent (parce que malgré tout on parle aussi de poissons ici) dans le tiroir sous mon lit (là encore, j'insiste, "comme tout le monde", allez ravalez votre fierté si vous écriviez pour de vrai vous n'auriez pas de temps à perdre sur ce blog qui ne fait rien qu'à parler de poissons !), par contre comme tout le monde s'il y a une chose en rapport avec l'écrit que j'arrive tout de même à faire c'est lire (et là n'essayez même pas de me contredire, il vous faudrait un drôle de toupet pour prétendre ne pas être concernés quand lire est ce à quoi vous êtes présentement occupés !).

Tout cela est bien beau me direz-vous et je ne pourrai que vous approuver, mais au juste si je ne fais que lire outre des poissons qu'y trouvera-t-on sur ce blog ? Eh bien finaude que je suis j'ai cogité, lecture, écriture et, en voilà une idée qu'elle est bonne, si je vous faisais partager tous mes pertinents points de vue de futur auteur à succès sur mes lectures, sur tout ce que j'ai l'intention de repomper éhontément chez ceux qui ont passé le cap et sur tout ce qui d'eux me semble au contraire si grotesque que je vous autorise à me rappeler qu'imitant la dignité d'un Paco Rabanne j'ai juré m'interdire à jamais d'écrire un mot de plus si d'aventure mon best-seller à venir en avait des relents ?...

Là je vous vois déjà vous dire une pointe d'espoir et d'avidité dans les yeux que je dois faire partie de ceux qui ont usé les bancs des facs de lettres et cours d'écriture, dévoré des bouquins sur la théorie et trainaillé dans une rédaction ou deux et savent un peu de quoi ils parlent. Eh bien non, zéro légitimité, si ce n'est que j'ai bien dit que ce serait "mon" point de vue et je suis quand même bien placée pour le donner, et d'ailleurs c'est mon blog et vous y êtes les bienvenus mais j'en fais ce que je veux, voilà.

Mais donc, vous demandez-vous encore car il semblerait que vous ne soyez jamais à court de questions et qu'il vous en faille plus que ça pour vous décourager, ça ne parlera que de bouquins ? Une fois de plus à côté de la plaque, héhé, je n'arrête pas de vous surprendre avouez, non mais sérieusement quand vous écrirez pour de vrai vous pensez que vous ne vous inspirerez que de littérature ? Hum ? Alors attendez-vous à ce que je vous parle aussi de toute autre chose qui pourrait m'inspirer pour cette écriture qui viendra un jour, si si, vous verrez !


Parce que je suis tout de même prévenante, quelques clés de lecture :
danger gars

Ce logo vous met en garde, lecteurs hommes, contre des clichés auxquels vous êtes nombreux à vous brûler, alors bon si vraiment ces clichés vous font plaisir continuez votre route avec mais en même temps sachez que rien ne vous y oblige et surtout pas moi.


danger filleÇa c'est le pendant féminin du logo précédent, vous le rencontrerez nettement moins souvent que l'autre parce qu'il faut bien reconnaître que nous autres nanas sommes beaucoup moins enclines aux clichés, ou alors nous ne les employons qu'avec à propos, c'est connu.



spoilerCette image vous annonce un abominable spoiler, c'est-à-dire des infos capitales (oui parce que les infos insignifiantes j'en donne systématiquement, c'est comme ça, je ne vois pas comment faire autrement) sur le contenu du bouquin ou film ou autre dont je m'apprête à vous parler, il ne faut pas lire le billet qui le suit si vous préférez tout découvrir par vous-mêmes. Comment ça mon image est elle-même un spoiler, parce que vous ignoriez que Dumbledore était mort ? En 2010, soit plus de deux ans après son coming-out post-mortem ? Vous plaisantez, non ?!