samedi 25 septembre 2010

Soleil levant sur son chemin, de Benoît Charuau


L’histoire
Basile cherche, se questionne : est-il lui ?, est-il lui et cet autre lui à la fois ?, peut-il y avoir un autre lui que cet autre-là ?, est-il tout le monde ou alors est-il seul ? Seul, Basile ne l’était certes pas à la naissance : quelques minutes après lui arrivait Axel, son jumeau…

Ma lecture
Les héros du premier roman de Benoît Charuau, Ton aile, dont je vous parlais tout récemment, cherchaient la faille pour s’envoler de leur cage. Le héros de son deuxième roman, Soleil levant sur son chemin, se heurte également à un possible enfermement : la gémellité. Il livre son histoire sous forme de compte à rebours. Mais qu’adviendra-t-il lorsqu’il parviendra au zéro ? Assisterons-nous au top départ, à l’envol attendu depuis Ton aile, ou au contraire à la chute, l’échec, le néant ? L’auteur devait trancher… et son choix n’aurait pas été le mien.
La fin m’a donc déçue. Et il n’est pas évident de se défaire d’une dernière note déplaisante. Soleil levant est pourtant loin d’être réductible à cette fin. Là où Ton aile se situait à la frontière du témoignage et de la fiction, Soleil levant est un authentique roman. Cette différence de genre n’empêche pas la permanence du style : comme dans Ton aile l’écriture est construite et étudiée, on retrouve les questionnements philosophiques, la construction de l’individu. Il y a la même frénésie de se dire, d’explorer, il y a autant (sinon davantage) de ces passages si élégants. Par exemple celui où Basile vit le deuil de ce chat qui avait tant compté, regarde les gens autour, les trouve impatients, écrit : « Je cherche une oreille dressée. Je crains que le monde n’ait plus aucun tympan. »
A lire alors ? Bien sûr ! Tout en espérant qu’arrivera bientôt un troisième roman cohérent jusqu’à son dernier mot, et qui trouvera éditeur à sa mesure.


Pour mon best-seller, j’en retiens que :

J’écrirai une fin digne de mon récit (oui je sais, j’insiste…).
Ok pour un rebondissement, une rupture dans les dernières pages, à la condition que l’ensemble reste cohérent. Quel dommage d’avoir su donner une fin si subtile à Ton aile, mais d’en avoir choisi pour Soleil levant une si outrancière…

Je n’abuserai pas des adverbes, locutions conjonctives et autres transitions.
Et je ne les accentuerai pas non plus en les entourant systématiquement de virgules. Dans Soleil levant sur son chemin, on peut lire des passages comme :

« Je me sens, alors, devenir ombre. (…) Il y a, en outre, le vertige de voir cet “autre moi-même“ me devenir étranger. (…) J’ai, il est vrai, désiré cette distance. (…) Les choses sont, pourtant, simples. (…) Il décloisonne, toutefois, notre monde et m’en promet un grand. »

Vous voyez le problème ? Au bout d’un moment on ne retient plus que ces mots de transition, accentuation ou rupture, on peine à les oublier, on ne suit plus les idées. Dommage.


>> Soleil levant sur son chemin, Benoît Charuau, Publibook, 2009, 200 pages.

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