dimanche 28 août 2011

Ciels de foudre, de C. J. Box


L’histoire 
Joe Pickett, le fameux garde-chasse du Wyoming, se retrouve aux prises avec les trois frères Scarlett, l’un charismatique et autoritaire, le second sanguin et rural, le troisième fêlé et puissant, tous incapables de contenir leur violence après la disparition de leur mère, tyrannique propriétaire du plus beau ranch de la région. Dans les plaines, d’autres dangers rôdent.

Ma lecture

 Je l’ai échappé belle. Un peu plus et je ratais mon été, dites. Non, vraiment : à quelques jours près je passais un été entier sans avoir lu un polar ! Vous parlez d’une hérésie !! Je sais, je sais, l’été c’est jusqu’au 22 septembre, oui mais reconnaissez que passé le 31 août ce n’est plus vraiment pareil, et quand on parle lecture de polar l’été, on pense farniente sur la plage sous le chaud soleil de juillet-août. Question chaleur, vous me direz, c’était pas vraiment ça cette fois. C’est peut-être ce qui m’a fait oublier tous mes principes d’ailleurs, c’est pas ce ciel maussade qui m’aurait incitée à lire un polar. Sauf qu’un temps pareil inspira peut-être le titre du roman Ciels de foudre de C. J. Box, alors grâce à lui, ouf, j’aurai quand même lu au moins un roman policier cet été !
Et alors, comment est-il ce polar ?
Eh bien, honnête.
Ciels de foudre est encore un de ces bouquins au point de vue omniscient, qui nous font les observateurs des agissements et pensées de chacun, tour à tour et dans un même chapitre. Un de ces bouquins qui, à chaque nouveau personnage croisé, nous racontent son histoire, sa vision des faits et jusqu’à ce qui va lui arriver (à grand renfort d’avertissements aux protagonistes, du genre : « Se montrer ouvertement pour mieux se cacher, c’est comme cela que ça se passait dans cet endroit. Il ne tarderait pas à en tirer la leçon. »). Un de ces bouquins aux situations plus racontées que vécues, aux dialogues peu crédibles, à la morale à la limite du dérangeant. Un de ces bouquins aux métaphores et analogies aussi nombreuses que d’un intérêt limité (« Il reprit ses esprits, sa colère se dissipant peu à peu, à l’image de la vapeur qui s’échappe d’une cocotte-minute »), où les personnages « coulent » des regards ou des sourires toutes les trois ou quatre pages. Un de ces bouquins qui dévoilent les éléments de suspense au fur et à mesure, avant que les héros n’en soient informés, annulant pour le lecteur tout possible effet de surprise.
Alors en quoi est-ce un polar « honnête » ?
Eh bien en ceci que l’intrigue est raisonnablement complexe, très documentée (combien d’auteurs américains sauvés par leur extrême travail documentaire !), le style suffisamment enlevé pour qu’on souhaite tourner la page, et certains personnages (pas tous, malheureusement, C. J. Box est plutôt manichéen dans l’appréhension de la plupart d’entre eux) sont correctement marquants.
Dommage que ceux-là soient bazardés dans une fin manquant d’ampleur. Dommage, enfin, que la traduction française laisse tant à désirer…


Pour mon best-seller à venir, j’en retiens que :

 
Je ne dispenserai pas mon héros d’un affrontement final en apothéose. 

Ok, c’est classique, mais l’on se doit parfois de respecter les règles d’un genre. Même si on adore notre personnage et qu’il nous est intolérable de les voir, lui ou ses proches, en situation de souffrance, il faut se contraindre à en passer par là pour satisfaire nos lecteurs. Eh, c’est qu’ils ont souhaité lire un polar, zut !!

Je me rappellerai qu’analogies et métaphores sont de l’art. 

Je m’abstiendrai donc d’infliger mes images en masse à mes lecteurs, tant que je ne les aurai pas élevées à ce rang. Car un lecteur a tout de même droit à autre chose qu’à :
L’on aurait dit qu’il avait le nez décollé, presque comme s’il pendouillait sur le visage, à l’image d’un oiseau qui vole au ralenti et ne sait pas trop où se poser.
ou :
C’est alors que quelque chose ou quelqu’un passait devant la fenêtre, à l’intérieur, masquant la lumière, à l’image d’un doigt qu’on agite devant la flamme d’une bougie.
ou encore :
Les nuages envahissaient le ciel, à l’image d’un rideau qui masque la lumière et atténue les contrastes.

Je ferai confiance à mes lecteurs… 

Je ne me sentirai donc pas obligée de leur rappeler systématiquement qui est qui, de peur qu’ils ne suivent pas. Alors au lieu d’écrire, comme C. J. Box, ceci :
- Joe est là ? lança celui qui organisait des parties de pêche à la rivière.
J’écrirais plutôt ça :
- Joe est là ? lança Tommy.
C’est bien suffisant, et tout de même moins maladroit, non ?
De la même façon, je n’éprouverai pas le besoin d’expliquer à mes lecteurs les tonalités de mes personnages à chacune de leurs réparties, en ponctuant celles-ci d’expressions du genre « lui renvoya Missy sur un ton méprisant », ou « s’enquit-elle d’une voix calme », ou encore « la corrigea Missy sur un ton glacial ». Si ma scène est correctement écrite, mes lecteurs devraient pouvoir d’eux-mêmes deviner le ton employé par mes personnages…

… mais pourrai néanmoins envisager de les éclairer à l’aide d’un schéma. 

Insérer, comme ont pu le faire Agatha Christie ou J. R. R. Tolkien, un plan de la demeure ou de la région où se situe mon action peut parfois clarifier les choses autrement mieux que ne le font d’interminables pages descriptives. Et puis vous n’oserez tout de même pas prétendre que ce qui était bon pour la reine du crime ou le créateur de la fantasy moderne ne le serait pas pour C. J. Box ou nous, hum ?…

> Ciels de foudre, de C. J. Box, Points Policier, 2010 (édition originale 2006), 340 pages.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire