vendredi 8 octobre 2010

NaNoWriMo : écrire un roman en un mois (et devenir exceptionnel)


Vous vous souvenez de Footloose, dans les années 80 ? Dans l’une des scènes les plus mémorables Kevin Bacon bredouillait un passage de la Bible, disant qu’il y a un temps pour rire et un temps pour pleurer, un temps pour mourir et un temps pour danser, quelque chose comme ça.
Renchérissons avec les deux temps qui nous intéressent le plus : oui, il y a aussi un temps pour lire, et un autre pour écrire.
Depuis qu’on se retrouve ici on a déjà passé un peu de temps à parler lectures. Mais les temps changent, et voici venir le temps d’écrire !

Ce temps, ce sera le mois de novembre.
Tout le mois de novembre je ne ferai qu’écrire, et vous ferez de même si vous êtes des braves.

Car novembre, c’est le mois du NaNoWriMo, ou National Novel Writing Month, ou Mois National d’Écriture de Roman. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un marathon international au principe tout simple : en novembre, faisons le pari hilarant et stupide et indispensable puisque complètement absurde d’écrire un roman, dans la langue de notre choix, qui fasse au moins 50.000 mots d’après le compteur du site nanowrimo.org.
50.000 mots c’est plutôt peu pour un roman, les créateurs du NaNoWriMo en conviennent, mais reconnaissez que c’est plus valorisant d’évoquer « ce roman qu’on écrit en un mois » plutôt que « cette longue nouvelle qu’on écrit en un mois », et puis il s’est vu plus d’un bouquin estampillé roman ne dépassant pas les 50.000 mots, et certes on atteint plus vite les 50.000 mots en langue française qu’en langue anglaise (les créateurs du NaNoWriMo ne doivent pas le savoir, ils sont américains) et plus encore qu’en langue chinoise (pauvres participants chinois…), ceci dit quelle que soit la langue 50.000 mots en un mois ce n’est pas rien, ça fait tout de même 1.666,66 mots par jour, puis il fallait bien fixer une limite or celle-ci les créateurs du NaNoWriMo l’estiment difficile mais réalisable même pour des candidats avec boulot et enfants, et puis 50.000 mots ça fait classe, non ?, alors voilà.
D’ailleurs j’ai connu le NaNoWriMo par une proche qui l’a tenté en novembre 2009. Bon elle l’a raté, car au bout des 30 jours (enfin 28 dans son cas, elle avait commencé le 3 novembre seulement, erreur fatale, 2 jours de plus et elle l’aurait peut-être réussi !) son roman ne faisait « que » 45.000 mots environ, mais 45.000 mots je peux vous assurer que c’est déjà un vrai roman, ça fait dans les 70 pages word bien tassées, ramenées en format poche avec un interlignage aéré elles font facile un bouquin de 250 pages, et puis elle n’allait pas se forcer à ajouter 5.000 mots alors que son histoire n’en nécessitait pas plus, et entre nous 45.000 mots en un mois sérieusement chapeau. A titre de comparaison, tous les posts de ce blog depuis son ouverture en avril totalisent dans les 37.000 mots, c’est dire si 45.000 mots est un drôle d’exploit !

Mais bon c’est bien aussi d’atteindre les 50.000 mots. Parce qu’alors on gagne le NaNoWriMo.
Et qu’est-ce qu’on gagne au fait ? Eh bien :
1/ on gagne la gloire de pouvoir dire à tout le monde qu’on a écrit un roman de 50.000 (ou plus) mots ;
2/ on gagne le privilège de pouvoir se gausser de ces vrais écrivains à qui il faut 7 ans pour pondre un roman, et de ces vrais/faux écrivains qui bloquent sur le même roman depuis 15 ans, là où à nous 30 jours nous suffisent, ahah ! ;
3/ on gagne un mois à ne se préoccuper que d’écriture et de rien d’autre, en frimant partout en disant « ah non ce soir je ne suis pas libre, j’écris un roman de 50.000 mots en un mois ! » ;
4/ on gagne donc les regards admiratifs de tous les gens qu’on connaît (par contre on a intérêt à réussir, sinon passé le mois de frime on n’a plus qu’à raser les murs pendant un bon moment…) ;
5/ on gagne le privilège incomparable de pouvoir mettre en pratique tous les bons conseils de lire-pour-écrire et donc probablement de bientôt vendre notre premier best-seller ;
6/ on gagne sa place au sein de la communauté internationale des écrivains frénétiques ;
7/ et on gagne un diplôme au format numérique, qu’on peut s’imprimer sur papier ou même pourquoi pas sur un t-shirt, attestant qu’on a remporté un NaNoWriMo !!

Convaincus, pas vrai ? Alors parlons pratique.
Votre roman doit donc faire 50.000 mots, c’est un minimum nécessaire et suffisant, vous pouvez en écrire plus mais ça ne vous rapportera pas davantage.
Vous devez l’écrire seul, un NaNoWriMo ne peut être coécrit.
Il peut porter sur n’importe quel sujet, dans n’importe quel genre, il suffit que vous considériez que ce que vous écrivez est un roman pour que l’équipe du NaNoWriMo le considère aussi.
A l’issue, vous conservez tous les droits sur votre œuvre : l’équipe du NaNoWriMo n’archive pas vos romans et ne vous demande aucune contrepartie.
Vous écrivez où vous le souhaitez, sur tout support, logiciel de traitement de texte, papier, machine à écrire, peu importe, en tout cas vous n’avez pas à écrire sur le site du NaNoWriMo.
Vous devez tout de même vous y inscrire, ici : http://www.nanowrimo.org/fr/user. Vous recevrez alors un mail de confirmation long et tendre (oui, il y aura la mention « love » dans l’intitulé du message, vérifiez qu’il ne se retrouve pas dans votre dossier de courriers indésirables !) et pourrez aussitôt rejoindre la communauté du NaNoWriMo puis, tout au long du mois de novembre, vérifier votre avancée grâce au compteur de mots.
Par contre vous ne devez sous aucun prétexte commencer votre roman avant le 1er novembre. Ce serait comme nourrir un Mogwaï après minuit – une catastrophe galactique. Vous avez le droit de (et même vous êtes encouragés à) réfléchir à un plan, des personnages, effectuer quelques recherches en amont, mais l’écriture ne doit pas commencer avant le 1er novembre. Évidemment personne ne vérifiera si vous avez triché, mais comme il s’agit d’un challenge avec vous-mêmes quel intérêt auriez-vous à le faire ? Puis surtout cela vous ferait passer à côté de la véritable expérience du NaNoWriMo : celle d’une écriture focalisée uniquement sur la quantité, et non sur la qualité, une approche kamikaze et de faible espérance prohibant toute ambition, censure, relecture, tout CTRL+X et tout envoi à la corbeille.
Si ça vous plaît vraiment beaucoup, vous pourrez ensuite enchaîner sur le NaNoFiMo (mois national de finition de roman) en décembre, puis le NaNoEdMo (mois national d’édition de roman) en mars.

Et si vous hésitiez encore, sachez que, comme le dit l’équipe du NaNoWriMo, « victorieux ou non, vous êtes exceptionnels si vous vous lancez ».
Je suis inscrite depuis trois jours, j’ai fait ma réserve de thé noir et de tablettes de chocolat, j’échauffe mes doigts toutes les deux heures, je peux donc affirmer que je suis, déjà, exceptionnelle !! Et je le serai plus encore en novembre.
Ça vous fait envie hein !
Alors, à qui le tour ?…

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