L’histoire
Deuil et émois suédois à variante polonaise d’une française à la féminité suisse.
Ma lecture
Septembre n’est pas toujours le meilleur mois. C’est la rentrée, puis l’automne, les jours raccourcissent, les feuilles tombent, d’autres que les feuilles tombent aussi parfois et l’humeur suit.
Il existe heureusement certains remèdes, au premier rang desquels… un bon défi !!
Or en matière de défis, et en période de rentrée littéraire, Lire pour écrire aurait difficilement pu trouver mieux que l’énigme La délicatesse. Imaginez : ce roman, ainsi que le clame le bandeau ceignant sa version poche, a obtenu pas moins de 10 prix littéraires.
Oui, 10.
Avouez qu’il y a de quoi s’interroger.
Car, je ne le nie pas, La délicatesse est une lecture distrayante, amusante même, à dessein ou pas d’ailleurs, mais comment accorder beaucoup de crédit à un bouquin qui ne peut être lu qu’au second degré, à l’écriture trop clinique pour émouvoir, pour susciter même un quelconque attachement aux personnages, un quelconque intérêt aux (rares) événements.
En imaginant qu’on fasse l’effort d’entrer dans l’action, cet effort se révèle vain car quelques lignes plus loin il y aura immanquablement une interruption. La délicatesse est tellement entrecoupée d’intermèdes, digressions, notes de bas de page qu’aucun apprivoisement n’y est envisageable.
Et puis c’est truffé d’idées, dictons et vérités définitives parfois drôles (« On a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses ») mais souvent risibles (hommes ou femmes, tous définissent la féminité par le bruit de talons aiguilles, en conséquence de quoi tous exècrent la moquette), voire franchement agaçants (« Les enfances en Suède ressemblent à des vieillesses en Suisse »).
« Le Larousse s’arrête là où le cœur commence », écrit Foenkinos. Son univers est si aseptisé, poli, candide, insipide, jusqu’aux images et métaphores d’une platitude remarquable (« Il était Armstrong sur la lune. Ce baiser était un grand pas pour son humanité. »), qu’il ne semble pas absurde de penser que son écriture s’y est arrêtée également.
Soit.
Mais alors, me direz-vous, pourquoi cette avalanche de prix ? Pourquoi cette traduction en 15 langues, ce succès en librairie ?
À cela, j’avoue avoir vainement cherché des indices dans et entre les lignes. Avant de réaliser que, comme souvent, la réponse était visible comme de gros caractères blancs sur un bandeau violet : il s’agissait d’un coup marketing !
Absolument, tout bêtement.
Dubitatifs ?
En ce cas sachez que La délicatesse fut retenue pour le Goncourt, le Renaudot, l’Interallié, le Femina et le Médicis. Et obtint (et remerciez-moi, j’ai sué pour trouver la liste complète) : le prix Conversation, le prix Notre Dame des Dunes, le prix du 7e Art (journées du livre et du vin), le prix des Écrivains dans le vent (prix An Avel), le prix des lecteurs du Télégramme de Brest (prix Jean-Pierre Coudurier), le prix Orange du livre, le prix Fnac Riviera, le prix Gaël-Club, le prix littéraire des lycéens du Liban, ainsi que le non moins fameux prix Humanités de l’école Massillon.
Alors, convaincus ?
Pour mon best-seller à venir, j’en retiens que :
Je m’efforcerai d’écrire une histoire, avant de penser à son adaptation ciné.
Le désir de Foenkinos de voir son livre porté à l’écran est si patent qu’il en devient inconvenant. Si les scènes, les situations nous avaient laissé un doute, Foenkinos nous l’ôte en écrivant une de ses saynètes au format scénario. Et en nous livrant les titres des trois livres préférés de son héroïne, Belle du seigneur d’Albert Cohen, L’amant de Marguerite Duras et La séparation de Dan Franck, qui ont en commun d’avoir tous leur adaptation filmique. Belle du seigneur a toutefois longtemps été réputé inadaptable. Faut-il y voir un présage ?…
Je réfléchirai bien à mon titre.
Le terme « délicat » est décliné à satiété au fil du récit. L’aurais-je autant remarqué, cela m’aurait-il tant agacée s’il n’avait pas été le titre du bouquin ? Probablement pas. Un procédé, qui plus est, bien peu dans la délicatesse…
J’éviterai de flatter mes personnages…
… par exemple en vantant leur humour, quand celui-ci est relativement plat. Ou en m’extasiant sur l’originalité de leurs répliques, quand celles-ci sont tout de même assez convenues.
> La délicatesse, David Foenkinos, Folio Gallimard, 2011 (éd. originale 2009), 209 pages.
Deuil et émois suédois à variante polonaise d’une française à la féminité suisse.
Ma lecture
Septembre n’est pas toujours le meilleur mois. C’est la rentrée, puis l’automne, les jours raccourcissent, les feuilles tombent, d’autres que les feuilles tombent aussi parfois et l’humeur suit.
Il existe heureusement certains remèdes, au premier rang desquels… un bon défi !!
Or en matière de défis, et en période de rentrée littéraire, Lire pour écrire aurait difficilement pu trouver mieux que l’énigme La délicatesse. Imaginez : ce roman, ainsi que le clame le bandeau ceignant sa version poche, a obtenu pas moins de 10 prix littéraires.
Oui, 10.
Avouez qu’il y a de quoi s’interroger.
Car, je ne le nie pas, La délicatesse est une lecture distrayante, amusante même, à dessein ou pas d’ailleurs, mais comment accorder beaucoup de crédit à un bouquin qui ne peut être lu qu’au second degré, à l’écriture trop clinique pour émouvoir, pour susciter même un quelconque attachement aux personnages, un quelconque intérêt aux (rares) événements.
En imaginant qu’on fasse l’effort d’entrer dans l’action, cet effort se révèle vain car quelques lignes plus loin il y aura immanquablement une interruption. La délicatesse est tellement entrecoupée d’intermèdes, digressions, notes de bas de page qu’aucun apprivoisement n’y est envisageable.
Et puis c’est truffé d’idées, dictons et vérités définitives parfois drôles (« On a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses ») mais souvent risibles (hommes ou femmes, tous définissent la féminité par le bruit de talons aiguilles, en conséquence de quoi tous exècrent la moquette), voire franchement agaçants (« Les enfances en Suède ressemblent à des vieillesses en Suisse »).
« Le Larousse s’arrête là où le cœur commence », écrit Foenkinos. Son univers est si aseptisé, poli, candide, insipide, jusqu’aux images et métaphores d’une platitude remarquable (« Il était Armstrong sur la lune. Ce baiser était un grand pas pour son humanité. »), qu’il ne semble pas absurde de penser que son écriture s’y est arrêtée également.
Soit.
Mais alors, me direz-vous, pourquoi cette avalanche de prix ? Pourquoi cette traduction en 15 langues, ce succès en librairie ?
À cela, j’avoue avoir vainement cherché des indices dans et entre les lignes. Avant de réaliser que, comme souvent, la réponse était visible comme de gros caractères blancs sur un bandeau violet : il s’agissait d’un coup marketing !
Absolument, tout bêtement.
Dubitatifs ?
En ce cas sachez que La délicatesse fut retenue pour le Goncourt, le Renaudot, l’Interallié, le Femina et le Médicis. Et obtint (et remerciez-moi, j’ai sué pour trouver la liste complète) : le prix Conversation, le prix Notre Dame des Dunes, le prix du 7e Art (journées du livre et du vin), le prix des Écrivains dans le vent (prix An Avel), le prix des lecteurs du Télégramme de Brest (prix Jean-Pierre Coudurier), le prix Orange du livre, le prix Fnac Riviera, le prix Gaël-Club, le prix littéraire des lycéens du Liban, ainsi que le non moins fameux prix Humanités de l’école Massillon.
Alors, convaincus ?
Pour mon best-seller à venir, j’en retiens que :
Je m’efforcerai d’écrire une histoire, avant de penser à son adaptation ciné.
Le désir de Foenkinos de voir son livre porté à l’écran est si patent qu’il en devient inconvenant. Si les scènes, les situations nous avaient laissé un doute, Foenkinos nous l’ôte en écrivant une de ses saynètes au format scénario. Et en nous livrant les titres des trois livres préférés de son héroïne, Belle du seigneur d’Albert Cohen, L’amant de Marguerite Duras et La séparation de Dan Franck, qui ont en commun d’avoir tous leur adaptation filmique. Belle du seigneur a toutefois longtemps été réputé inadaptable. Faut-il y voir un présage ?…
Je réfléchirai bien à mon titre.
Le terme « délicat » est décliné à satiété au fil du récit. L’aurais-je autant remarqué, cela m’aurait-il tant agacée s’il n’avait pas été le titre du bouquin ? Probablement pas. Un procédé, qui plus est, bien peu dans la délicatesse…
J’éviterai de flatter mes personnages…
… par exemple en vantant leur humour, quand celui-ci est relativement plat. Ou en m’extasiant sur l’originalité de leurs répliques, quand celles-ci sont tout de même assez convenues.
> La délicatesse, David Foenkinos, Folio Gallimard, 2011 (éd. originale 2009), 209 pages.